Par Daniel Pascot
Depuis quelques jours ou semaines plusieurs informations méritent qu'on les mette en résonance. D'une part la triste nouvelle du suicide de Aaron Swartz génial militant de la liberté de l'accès aux informations, pour en comprendre le contexte et la portée il suffit de lire la réaction de Lawrence Lessig. Ou la nécessité de l'accès au code source, que l'on peut considérer comme une forme ultime de transparence assurant sécurité et pérennité, (http://www.journaldunet.com/web-tech/expert/53129/devra-t-on-rendre-l-open-source-obligatoire.shtml et http://www.youtube.com/watch?v=GcWlD2Y6HNM par exemple). D'autre part le questionnement au sujet du comportement de nos administrations en ce qui concerne la gérance des « ressources informationnelles » au point que le SFPQ réclame une commission d'enquête sur les contrats d'informatique.
Cette demande est légitime, en effet, il est difficile de mettre en accord le récent rapport du vérificateur général du Québec ou celui 2 ans au préalable avec le tableau de bord de la gestion des projets informatiques que publie le gouvernement sur son site où 96,6% des sites sont dans le vert et aucun dans le rouge.
Loin de moi l'idée de rejeter le tableau de bord, il va dans la bonne direction, mais actuellement je ne vois pas comment l'utiliser et l'évaluer si je n'ai pas accès aux sources de données : au document (non caviardé par des avocats) qui a provoqué l'appel d'offres, aux offres, au jugement du comité de sélection, puis aux rapports non expurgées d'avancement ou de travail, et même au code source. Tout ceci a été financé par des fonds publics, pourquoi le public ne pourrait-il pas y accéder pour exercer sa prérogative de gouvernance fondement d'une démocratie? On me dira que certains fournisseurs réclament le secret, c'est leur affaire, mais pas celle du public, que ces fournisseurs se limitent alors à la sphère privée (on ne leur demande pas d'avoir accès à leurs stratégies ou documents internes, mais à ce qu'ils sont payés pour livrer, la gestion du projet en fait partie). Sans accès à l'information le peuple ne peut pas exercer son pouvoir.
Je suis de plus en plus convaincu que pour combattre la corruption (ne soyons pas naïfs, on doit la reconnaître un phénomène omniprésent dans les sociétés humaines), la transparence est une solution complémentaire aux commissions d'enquête efficace avec un effet préventif plus rapide. Il y a assez de personnes compétentes dans le peuple pour exercer ce pouvoir entre tous.
La corruption est sans limite et aime le secret*. Pour la débusquer il faut un accès libre et naturel à l'information afin que quelqu'un la découvre (et non la dénonce par des viols de confidentialité ou des enquêtes), le risque de cette découverte augmentant, les tentatives diminueront et la moralité s'imposera, du moins progressera, et peut-être les commissions d'enquête seraient plus ciblées et moins coûteuses tout en punissant les vrais coupables quand il y en a.
* À titre d'exemple, ai-je appris récemment, une faute d'orthographe volontaire à la bonne place dans la publication officielle d'un appel d'offre permet de le soustraire à l'attention de tous ceux qui n'en sont pas avertis.