Libre opinion - Où est l’université numérique québécoise?

Le 2 octobre dernier, Geneviève Fioraso, ministre française de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, présentait les 18 actions de l’agenda numérique de l’enseignement supérieur de son pays. Mme Fioraso était accompagnée pour l’occasion de deux autres ministres : Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des PME, de l’Innovation et de l’Économie numérique, et Yamina Benguigui, ministre déléguée chargée de la Francophonie. Le même jour, les 20 premiers cours en ligne à accès libre de la France étaient annoncés dans le cadre d’un mégaprojet nommé « France université numérique ».

Pour traduire cet événement en termes québécois, il faut imaginer Pierre Duchesne aux côtés d’Élaine Zakaïb et de Jean-François Lisée. Mais en fait, c’est une traduction bien imparfaite, car il n’y a rien en ce pays de comparable au poste de ministre délégué chargé des PME, de l’Innovation et de l’Économie numérique occupé par Fleur Pellerin.

Comme le signalait justement le conseiller et formateur Internet Geoffroi Garon le 30 septembre 2012, dans l’une des chroniques qu’il tient sur son site Web, le Québec numérique c’est « une politique, un responsable et un plan d’action », toutes choses qui font cruellement défaut encore aujourd’hui, plus d’une année plus tard.

Plus récemment, le 25 février 2013, à l’ouverture du Sommet sur l’enseignement supérieur, Claude Coulombe, chercheur en technologies de formation et d’apprentissage, affirmait au Devoir son étonnement face à l’absence du concept de cours en ligne à accès libre dans le débat sur le financement des universités. « Le Québec est en train de manquer le bateau », disait-il alors. Aucun des cinq chantiers de travail mis sur pied à la suite du Sommet sur l’enseignement supérieur ne traite de cet enjeu crucial pour l’avenir de l’université.

Fort mouvement international

Pourtant, comme FACIL l’écrivait dans son mémoire au Sommet sur l’enseignement supérieur, il existe un fort mouvement international, particulièrement au sein de la francophonie, pour accroître l’offre de ressources éducatives libres (REL), au nom de l’idéal de l’éducation pour tous. Si l’on peut se fier à la Déclaration de Dakar sur les ressources éducatives libres du 5 mars 2009, le mouvement auquel FACIL participe semble avoir déjà réussi à convaincre l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) du mérite de ses positions sur les REL il y a quelques années. Il ne restait qu’aux États à agir, et c’est ce que fait la France en ce moment.

Souhaitons que le lancement du projet France université numérique ait pour effet de faire comprendre au gouvernement du Québec tout ce que l’État du Québec ne fait pas à l’heure actuelle et qu’il devrait être en train de faire, main dans la main avec la France d’ailleurs, pour le plus grand intérêt de l’espace francophone mondial.

Le Québec a tout à faire pour amener ses universités et ses collèges à travailler ensemble sur le front des cours en ligne à accès libre. FACIL croit que c’est la responsabilité du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie de donner l’impulsion et la direction pour que les universités et les cégeps du Québec embarquent dans un effort national d’envergure comparable, toutes proportions gardées, à ce qui se fait en France.

Heureusement, il n’est jamais trop tard pour bien faire et comme l’affirme un ancien dicton : le travail triomphe de tout.

Le CA de FACIL : Fabián Rodríguez, président; Antoine Beaupré, vice-président; Éric Beaurivage, secrétaire; Martin Chénier, trésorier; Luis Molinié, Diane Mercier, Omar Bickell, Claude Coulombe, Mathieu Gauthier-Pilote, Frédéric Côté, Immanuel Guilea et Pierre Beaudry, administrateurs.

Cette lettre du CA de FACIL est parue dans Le Devoir du lundi 21 octobre 2013.